Education et enseignement
A Lemroudj, comme c'était le cas dans la région, seul l'enseignement Coranique était dispensé notamment au niveau des mosquées. Les jeunes apprenaient par cœur les versets du Saint Coran ; certains d'entre eux poursuivaient leurs études dans les Zaouia des environs, notamment celles de cheikh Oussahnoun, implantée dans la vallée de
L'enseignement du français est introduit à Lemroudj à la rentrée scolaire de 1957 ; soit environ 18 mois après la pénétration des militaires français lors de la guerre d'indépendance de l'Algérie. D'ailleurs, c'était les services d'administration spéciale (SAS) qui avaient la charge de dispenser des cours de français dans les mosquées après avoir renvoyé les imams et interrompu l'enseignement du Saint Coran dans ces dernières. Le but était clair ; il s'agissait de conquérir les populations et de les isoler des moudjahidine pour maintenir l'Algérie sous le joug colonial français ; mais c'était sans résultat.
En effet, pour ce qui est de Lemroudj, les militaires français sont arrivés au village en mars 1956, à la suite d'une incursion des moudjahidine venant sanctionner les habitants sous prétexte qu'ils étaient soupçonnés d'être du côté du Caid (administrateur civil autochtone nommé par l'administration coloniale).
Dès leur arrivée, les militaires français avaient investi la mosquée du quartier Ichaavane, ils avaient renvoyé l'imam et procédé à l'inscription des élèves pour leur enseigner la langue française et un peu de calcul.
La mosquée, école de fortune, était composée de deux petites salles très étroites, l'une au dessus de l'autre. Et la maison de l'imam était transformée en infirmerie.
Comme enseignants, il y avait un militaire français appelé Minarau qui était sous les drapeaux dans le cadre du service militaire. Il était aidé par deux Algériens, un certain Amar ayant appris un peu de français en cours du soir en France et un autre appelé Abdelaziz venant du village voisin.
L'enseignant français avait adopté une attitude salutaire ; il n'avait jamais cherché à savoir si les moudjahidine rentraient au village ou qui étaient en relation avec eux. C'était d'ailleurs ce qui lui avait valu une très grande considération de la part de tous les habitants et des moudjahidine ; ces derniers ne l'avaient jamais inquiété. D'ailleurs, chaque matin, il venait à pieds de Ouled Ali Ben Athmane et rentrait à pieds, sans arme. Comme il n'avait jamais porté pantalon court ou culotte ; pour lui, il fallait s'adapter avec les us et coutumes du village.
Outres l'enseignement du français, du lait chaux au chocolat était servi aux élèves chaque matin. A la fin de la journée, on leur remettait des biscuits et du fromage pour les aider à équilibrer leur nutrition.
S'agissant du chauffage, tous les matins, chacun des élèves ramenait avec lui une bûche de bois. D'ailleurs, il n'y avait pas de cartable ; on écrivait sur des ardoises et on suivait les leçons sur un tableau mural.
Deux élèves seulement avaient eu la chance de quitter cette école de fortune pour aller poursuivre leurs études en ville.
Pour le premier, l'événement était possible grâce au déménagement de son père vers Bougaa, ville voisine, appelée à l'époque, Lafayette.
Quant au second, il avait pu y aller poursuivre ses études en ville grâce à son oncle qui travaillait à Sidi Aich, ville située dans la vallée de la Soummam. Cette opportunité lui avait permis de dépasser le stade de l'enseignement primaire et d'accéder à l'université d'Alger.
Il avait fallu attendre 1972 pour que l'actuelle école de Lemroudj puisse ouvrir ses portes aux jeunes du village ; c'était un événement capital qui avait donné l'occasion à des milliers d'entre eux de recevoir une éducation scolaire voire même obtenir des diplômes universitaires en graduation et en post graduation.
A signaler qu'à Lemroudj, un collège d'enseignement moyen (CEM) a ouvert ses portes depuis 2006 et un lycée, non loin de là, à Ouled Ali Benatmane vient d'être inauguré en 2008.
Cependant, actuellement, un relâchement est constaté tant au niveau des apprenants que de leurs parents. Le matérialisme a tendance à prendre le dessus dans les esprits des gens. Les jeunes sont pressés de travailler pour disposer d'argent de poche et les parents ferment l'œil lorsque leurs enfants quittent l'école.
Il est regrettable que notre société arrive à cette situation ; car le savoir est indispensable dans la vie de tous les jours. Aussi, il est urgent que les parents assument leur responsabilité envers leurs enfants. L'avenir de ces derniers ne doit pas être laissé au hasard.
Pères et mères, doivent s'occuper de l'éducation de leurs enfants et prendre en charge les frais scolaires ainsi que le suivi permanent de ce qu'ils font afin d'éviter toute dérive éventuelle..
Toutefois, il ne faut pas généraliser. Il y a des parents qui font correctement leur devoir envers leurs enfants. Il y a également des jeunes qui accordent une attention particulière à leurs études. Ils sont tous à encourager et à féliciter. Néanmoins, nous souhaiterions que le nombre de ces derniers augmente davantage pour contrer les partisans de l'abandon et du laissez aller.
Tous ensemble, il serait possible de redonner vitalité à l'éducation et à l'enseignement qui constituent la clé de l'avenir de toute nation.
Tazouik et l'enseignement coranique
Pour l'apprentissage de l'arabe et du Saint Coran, il n'y avait ni cartable ni cahier. On utilisait une planche en bois, appelée Thalouihth en kabyle, sur laquelle on écrivait avec une plume faite de roseau (Laklam en kabyle) et de l'encre à base de laine brûlée (Smakh).
Les meilleurs élèves, après avoir appris par cœur les 60 chapitres du Saint Coran, poursuivaient leurs études dans des zaouias, genre d'écoles de niveau supérieur, où ils pouvaient parfaire leurs connaissances théologiques et apprendre d'autres disciplines telles que la grammaire, le calcul, les maths, l'astrologie, etc.
Aussi, à l'occasion de fêtes religieuses telles que Laid Améziane et Laid Amokrane, l'imam et ses élèves organisaient une manifestation culturelle appelée Tazouik, qui consistait à décorer leurs planches sur lesquelles ils apprenaient le Saint Coran et à faire du porte à porte pour collecter des oeufs pour la fête (Thamalt n'tazouik). Les jeunes étudiants obtenaient des habitants du village des bonbons, des amandes, des figues sèches et bien d'autres choses.
L'Imam était pris en charge par les villageois ; il était de même pour les frais d'entretien de la mosquée. Le comité du village était chargé de collecter les fonds en espèce et en nature pour rémunérer l'Imam et entreprendre les travaux jugés nécessaires pour l'entretien de la mosquée ou son extension ou bien la construction d'une nouvelle.
Bien que l'enseignement du Saint Coran existe toujours, ces traditions ont disparu. L'imam est devenu un fonctionnaire rémunéré par l'Etat au même titre que le maître d'école.
Auteur : Rachid Sebbah
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