Lemroudj, renommé pour ses figues
Il n' y a pas si longtemps, Lemroudj et sa région étaient un grand réservoir de figues sèches dont une grande partie était exportée vers l'Europe.
A l'époque, Lemroudj était parsemé de vergers de figuiers. Une partie de la production était consommée sous forme de figues fraîches durant la période d'automne et le reste était séché puis trié suivant les différents calibres.
Thazarth, en kabyle, signifie les figues sèches. Tazarth est au pluriel ; il n'a pas de singulier en kabyle. En revanche iffassassen ou ihvouvane synonymes de Thazart est pluriel et son singulier est affassas.
Les figues sèches de premier choix (Thaamriwath) étaient destinées en quasi-totalité à l'exportation. Les figues sèches de deuxième choix (Thaoulith) étaient orientées essentiellement vers la consommation locale des producteurs eux-mêmes et le troc avec d'autres produits vivriers tels que le blé, l'orge, l es dattes, les navets. Les figues sèches de troisième choix (Thakhabouchth) servaient à l'alimentation du bétail.
Les revenus rapportés par la vente de figues sèches étaient importants pour les familles ; une partie non négligeable servait à s'acquitter des lourds impôts imposés par l'administration coloniale.
Les variétés de figues sont très nombreuses ; on peut citer à titre d'exemples :
- Thaamriwath, de couleur verte tournant vers le jaune en phase de maturation. Ces figues sèches de premier choix étaient généralement destinées à l'exportation comme il a été expliqué plus haut.
- Azagouagh (rouge), appelé aussi Averkane (noir), est une variété de couleur tournant vers le noir. Cette variété est destinée à la consommation sous forme de figues fraîches. Le surplus est séché, puis trié en trois catégorie. Le premier choix est destiné à la vente, le second à la consommation familiale et le troisième à nourrir le bétail.
- Azandjar (rougeâtre), ressemble à la variété Azagouagh mais diffère par son goût ainsi que par sa forme. Les figues de cette variété peut se manger fraîche, mais on les préfère sèches en raison de leur qualité supérieure elles sont très prisées.
- Thahayounet est une variété de couleur jaune dont les figues se mangent fraîches. Elles sont sucrées. Les figues sèches sont soit consommées localement ou remises au bétail ; elles ne sont pas commercialisables.
- Elghoudani est une variété dont les figues sont noires et petites. Elles se mangent fraîches. Leur goût est différent des autres variétés.
- Lamaalla, variété de couleur noirâtre mais peu sucrée. Ces figues se mangent fraîches.
- Thahadjat, figues de couleur noire, petites et précoces.
- Azegza, figues de couleur verte
- Thaghawaouth, figues précoces, petites et de couleur verte.
De nos jours, la production de figues a beaucoup régressé car il reste très peu de figuiers et de ce fait les résidants du village n'arrivent pas à produire la quantité nécessaire à la couverture de leurs propres besoins.
Les figues ne sont plus exportées ; au contraire, sur les étalages des magasins d'alimentation on retrouve des figues sèches importées notamment de Syrie.
Est-ce que la terre de ce village n'est plus fertile pour donner autant de figues, en quantité et en qualité, comme c'était le cas par le passé ? Certainement pas ; car les moyens existants aujourd'hui sont nettement plus importants et plus efficaces que ceux utilisés par nos ancêtres. Ce qui manque le plus c'est le savoir faire en la matière, la volonté et une attention particulière à ce produit qui est très riche en calories.
La culture du figuier ne demande pas des connaissances particulières de très haut niveau , les terrains de Lemroudj et de sa région s'y prêtent beaucoup pour l'arboriculture de montagne surtout le figuier et l'olivier.
Le figuier et l'olivier sont deux arbres symboles de la région de Lemroudj. Il est nécessaire que de nouvelles plantations de figuiers soient entreprises par les habitants de ce village et de ceux avoisinants avant qu'il ne soit trop tard ; car si l'on continue à négliger cet arbre et à ne pas renouveler ceux existants, viendrait le jour où l'on assistera à sa disparition totale.
La sonnette d'alarme est tirée ; plantons le maximum de figuiers pour produire autant de figues sèches que par le passé, sinon davantage. Le défi est réalisable pour peu qu'il y ait un minimum de volonté et de prise de conscience du danger encouru aujourd'hui pour le figuier.
Auteur : Rachid Sebbah
Figues fraîches appelées Thaamriwath
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