Lemroudj_Setif_Algeria

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Moyens de communication

Bien que situé au Nord de l'Algérie et pas loin de la mer méditerranée, pendant l'occupation coloniale de notre pays, Lemroudj était totalement enclavé et isolé. Il n'y avait ni route carrossable, ni téléphone, ni autres  moyens de communication.

 

Pour voyager ou se déplacer on utilisait les chevaux, les mulets et les ânes comme moyens de transport.


D'ailleurs, on racontait que toute personne qui émigrait vers l'intérieur du pays ou l'Europe empruntait le chemin menant de Lemroudj vers Cherchara, un bourg éloigné d'environ 15 km et situé sur une route carrossable où les rares voitures de l'époque et l'unique bus de Si Méziane Abjaoui. 


Pour rejoindre Cherchara, les voyageurs faisaient le trajet à pieds ou à dos de mulet ou de cheval, en passant par Thakouravth (lieu surplombant Lemroudj), Bouzalatène, Thassaount Nassabth et Ighil Lemri pour aboutir à Cherchara. Même chemin pour le retour.

 

A l'approche de leur retour, les émigrés envoyaient des lettres à leurs proches restés au village pour les informer de la date de leur arrivée à Cherchara afin qu'ils viennent à leur rencontre avec un cheval ou un mulet pour les transporter eux et leurs bagages. Dès que l'information parvienne, on ne cessait pas de compter le nombre de jours qui restaient pour le retour. Les membres de la famille concernée restés au village, tournaient leur regard sur Thakourabth d'où l'on pouvait apercevoir la silhouette de toute personne se dirigeant vers Lemroudj.

 

C'est vers 1956 que les militaires français, installés à Ouled Ali Ben athmane, village situé à 5 km, avaient décidé d'ouvrir une piste pour relier les deux bourgs avec un prolongement vers Ighvouliyane et la route existante, Béni Ourtilane – Bougaa ;  le croisement se situait au niveau du lieu dit Dellaga.

 

L'ouverture d'une telle piste devait permettre aux troupes de l'armée coloniale française de pourchasser les Moudjahidine (combattants de la lutte de libération nationale pour l'indépendance). Le premier tracé était légèrement différent de celui de l'actuelle route.

 

D'abord, il n'y avait pas de pont ; donc les chars et les jeeps de l'armée, plus tard les camions et voitures civils, traversaient la rivière à environ 150m plus bas que la route actuelle. Par ailleurs, au niveau du quartier El Maida, la route montait directement en pente abrupte vers le village Lemroudj (l'ancien tracé existe encore ; il avait coûté la vie à un vieux commerçant, appelé Larbi Ouidhir, après renversement du camion qui le transportait ce jour là).

 

Quant au pont actuel, il avait été construit entre 1956 et 1959 en recourant à la force de travail de prisonniers et des habitants du village. Ces derniers ne recevaient aucun salaire ; la différence entre eux et les prisonniers, c'était qu'ils retournaient chez eux après une longue journée de labeur pénible et dangereuse.

 

Même scénario pour le revêtement de la chaussée avec des pierres. Prisonniers et villageois étaient mobilisés pour transporter les pierres et les poser sur la chaussée pour permettre aux engins militaires de passer sans difficulté surtout en hiver.

 

Quant aux services postaux, ils étaient inexistants.

 

Pour envoyer une lettre à un émigré, on la faisait écrire en arabe par l'imam du village mais pour porter sur l'enveloppe l'adresse du destinataire en français les gens se rendaient à Bougaa (Lafayette, située à 30 km) car, à Lemroudj, il n'y avait pas de lettrés dans cette langue.

 

A Lemroudj et dans toute la région, il n'y avait pas d'école. Les autorités coloniales n'avaient pas d'intérêt dans cette région et par conséquent, elles n'avaient pas cru nécessaire d'en construire une. Peut être qu'elles pensaient même que c'était dangereux et qu'il valait mieux laisser les gens dans l'ignorance.

 

Qu'en est-il aujourd'hui ? De grandes transformations par rapport aux années 50 du siècle dernier.

 

La route est bitumée de Dellaga jusqu'à Amakhchouf où un nouveau pont très long et très large vient d'être construit. La route est relativement large et recouverte d'un tapis de bitume. Fini la traversée en s'engageant avec la voiture en pleine rivière et fini les risques de se voir emporté par les eaux aux moments de crues.

 

Par ailleurs, au niveau de Amakhchouf, sur la gauche, maintenant il existe une route avec tapis de bitume qui permet d'éviter la traversée de la rivière et aboutit directement à Bouferroudj, commune de Hammam Guergour, par loin de Bougaa.

 

L'école existe au village Lemroudj depuis 1972. Et depuis, des centaines de jeunes garçons et filles avaient appris à lire et à écrire, arabe et français ainsi que l'anglais comme seconde langue étrangère. Beaucoup d'entre eux ont poursuivi des études au collège puis au lycée et enfin à l'université. Les ingénieurs et les licenciés dans différentes spécialités et filières se comptent maintenant par centaines.

 

D'ailleurs, un collège d'enseignement moyen a ouvert ses portes en 2007 ; il est d'une architecture magnifique et doté d'équipements pédagogiques modernes ainsi que d'un stade matico pour les activités sportives et d'une cantine où des repas chauds sont servis gratuitement..

 

Par ailleurs, un lycée et une bibliothèque communale viennent d'être inaugurés au village Ouled Ali Ben Atmane, siège de la commune Drâkébila dont relève Lemroudj. Ces deux structures permettront aux jeunes de la région de ne plus se déplacer à Bougaa pour suivre les cours d'enseignement secondaire.

 

Quant autres moyens de communication, d'importants progrès ont été réalisés. Les opérateurs de téléphone mobile mobilis, djeezy et nedjma ont installé des stations d'émission et de réception. Le téléphone fixe est relié au réseau national et international par le système dit rural (WLL). Avec ce dernier, même l'internet est présent au village lemroudj ; beaucoup de clients sont connectés.

 

Un projet de raccordement par câbles terrestres au réseau téléphonique national est en cours de réalisation. Il permettra l'amélioration de la qualité des communications téléphoniques mais aussi l'augmentation du débit internet par l'introduction de l'ADSL.

 

La télévision et la radio ont également leur place. La première est présente dans tous les foyers. Les habitants de Lemroudj et de la région n'ont rien à envier à ceux de la ville puisqu'ils disposent de toutes les commodités.

 

Le raccordement des maisons au réseau d'alimentation en eau potable est effectif depuis 2007. L'arrivée du gaz naturel et l'alimentation des foyers sont attendues pour 2010. L'électricité existe depuis 1982. L'extension du réseau est en cours afin de couvrir les nouveaux quartiers.


Certes, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer davantage les conditions de vie des citoyens de Lemroudj, mais il faut reconnaître que d'énormes progrès ont été réalisés depuis l'indépendance à ce jour.   

 

Auteur : Rachid Sebbah



14/10/2009
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