Lemroudj_Setif_Algeria

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Thamagra

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Thamgra signifie Moissons. Autrefois, les moissons se faisaient à la faucille (Amgar) durant la période estivale. Les moissonneurs sont appelés Imchartane (Imcharti au singulier).

 

Le moissonneur fauchait le blé ou l'orge avec la faucille en portant un tablier en peau de mouton appelé Thavanta.  En fauchant le blé ou l'orge, il formait de petites bottes appelées Thadhliwines (Thadhla au singulier). Ces dernières étaient étalées sur le champ moissonné, au fur et à mesure que les moissonneurs avançaient.

 

Derrière l'équipe de moissonneurs suivait un ouvrier appelé Adharaa dont la mission était de rassembler les bottes de blé ou d'orge en paquets de 12 pour faciliter leurs placement dans un filet de corde appelé Thaalafth tissé spécialement pour être utilisé dans le transport des gerbes vers le terrain où aura lieu le battage  (Assarouath).Le transport se faisait à dos de mulet ou d'âne.

 

Le terrain de battage du blé et de l'orge ou de fèves sèches s'appelle Annar. L'emplacement de ce dernier était  choisi en fonction de la force des vents et de leur orientation en période de battage.

 

Annar disposait de surface suffisante aux environs immédiats pour l'entrepôt des gerbes de blé ou d'orge en attendant de les battre.

 

Annar, c'était un petit terrain plat ou aplati dont la surface était traitée avec la  bouse de vache à la veille du début du battage afin de le rendre lisse et sans poussière. Cette opération est appelée attarra. Une fois traité, le terrain devenait utilisable pour le battage.

 

L'opération de battage (Assarouath) se faisait traditionnellement en utilisant un attelage de mulets, d'ânes ou de bœufs. Les gerbes de blés ou d'orges,  stockées dans les alentours immédiats du terrain, étaient jetées sur ce dernier à l'aide de fourches en bois ou en fer appelées Thouzar (Thazarth au singulier). Puis, sur toute la surface d'Annar, on étalait les gerbes avant de procéder à l'attelage d'animaux domestiques utilisés dans l'opération de battage.

 

On faisait alors tourner l'attelage sur les gerbes de blé ou d'orge dans un sens pendant un certain temps puis dans un autre pendant qu'un autre ouvrier muni d'une herse remettait sur le tapis de paille et de céréales les épies rejetées vers l'extérieur du cercle formé par l'opération de battage. 

 

Cette opération durait pratiquement toute la matinée. Une fois le grain séparé de la paille et que cette dernière était suffisamment déchiquetée, on libérait les animaux domestiques utilisés et on les dirigeait vers la fontaine la plus proche pour les faire abreuver avant de les lâcher en pâture. A ce moment précis les enfants montaient sur les ânes et les mulets pour les emmener à la fontaine.

 

Pendant que les animaux mangeaient de l'herbe ou du foin dans les alentours, à l'aide de herses, les ouvriers chargés du battage rassemblaient la paille mélangée aux grains pour procéder à leur séparation. Cette opération était appelée Azouzzar. Elle se faisait à l'aide de herses d'abord puis avec un genre de pelle en bois appelée Ellouh.

 

La phase finale appelée Assaffa, consistait, à l'aide de Ellouh, à prendre les restes de paille et les grains et de les jeter vers le haut (environs 2 m) pour que le vent qui soufflait puisse faire la séparation ; les grains retombaient presque horizontalement et les restes de paille étaient entraînés un peu plus loin (2 à 3 m). Ce manège se répétait jusqu'à la séparation totale des grains des restes de la paille. Lorsque le vent souffle  bien les fellahs l'appellent Laoun qui signifie aide.

 

Puis on procédait au tamisage pour obtenir des grains sans débris de paille. On utilisait alors un grand tamis de près de 80 cm de diamètre appelé Agharval ou saffa.

 

Une fois la journée terminée, les grains récoltés étaient immédiatement rapatriés vers la maison et la paille était soit transportée vers un autre lieu au fur et à mesure, soit dégagée sur le côté en attendant de  finir les battages pour la stocker sur les lieux en formant une grande hutte  ayant la forme d'une maison appelée Athamou walim. 

 

La grande hutte était recouverte de feuillage d'une plante appelée Thilouguith et du feuillage d'une autre plante appelée Idhlas afin d'éviter l'infiltration des eaux de pluies surtout en hiver.

 

Quant aux grains  récoltés et entreposés à la maison, avant de les stocker définitivement, à l'aide d'un double décalitre, on mesurait leur volume global puis on déterminait la part à distribuer aux pauvres et aux démunis. Cette part est appelée Laachour (soit 1/10 de la récolte).

 

Le reste des grains était stocké selon les moyens de chacun. On utilisait des jarres en terre cuite de grande  capacité appelées Ikhoufane (Akoufi au singulier). Les petites jarres étaient plutôt utilisées pour le stockage de farine, de figues, de fèves etc. On les appelait Thikoufathine (thakoufith au singulier)

 

Pour le stockage de grains de blé on utilisait également des fosses sous terraines appelées Thissarafine (Thasrafth au singulier). Cependant, une partie des grains stockés dans les fosses souterraines était souvent atteinte de moisissure et devenait presque impropre à la consommation ; ces grains s'appelaient Allaghane. Leur couleur tournait vers le noir.

 

De nos jours, les choses ont beaucoup changé ; certains terrains de battage existent encore mais on n'utilise plus le procédé traditionnel ; les agriculteurs ont recours aux moyens mécaniques modernes. Des terrains de battage ont complètement changé de destination. Certains sont utilisés comme assiette foncière pour construire dessus, d'autres sont cultivés ou plantés, etc.

 

Actuellement la production de blé et d'orge est tellement faible que le problème de stockage ne se pose plus. Désormais, les habitants du village s'approvisionnent en semoule auprès des différents magasins de la localité.

 

Auteur : Rachid Sebbah



15/10/2009
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